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Et si Dieu n’y était pour rien ?

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Et si Dieu n’y était pour rien ? Empty Et si Dieu n’y était pour rien ?

Message par ismael13 Sam 25 Avr - 11:38

jihad et islamophobie - Books - Numéro 63
Et si Dieu n’y était pour rien ? 90328
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« J’entends constamment dire à quel point la religion est cruelle et agressive. Cette opinion, étrangement, est toujours exprimée de la même façon : “La religion est à l’origine de toutes les grandes guerres de l’histoire.” J’ai entendu cette phrase répétée comme un -mantra dans la bouche de -commentateurs et de psychia-tres américains, de chauffeurs de taxi londoniens et d’universitaires d’Oxford. » Le livre de Karen Armstrong « Champs de sang » se présente comme une longue réponse, argumentée sur 500 pages, à ces remar-ques récurrentes.
Catholique, l’auteure anglaise a passé sept ans au couvent dans les années 1960 – expérience douloureuse qu’elle a rapportée dans un livre il y a quel-ques années. « Sa vision de l’Église et des institutions religieuses n’est pas toute rose », relève le philosophe John Gray dans le New Statesman. Cela dit, cette historienne et théologienne autodidacte ne déteste rien tant que les attaques de principe contre la religion (c’est aussi le cas de John Gray, farouchement opposé comme elle à l’athéisme militant d’un Richard Dawkins ou d’un Sam Harris).
En réalité, selon Karen Armstrong, aucune guerre, aucun massacre ou presque ne peut être imputé aux croyances. Tout simplement parce que, pendant des siècles, la religion n’exista pas en tant que phénomène -différencié. Reposant sur un ensemble de pratiques publi-ques destinées à donner du sens au quotidien, elle était jusqu’à une époque très récente indissociable du reste de l’expérience humaine – y compris de la politique. Cela explique pourquoi « les religions ont souvent été mêlées à la violence », souligne James Fallow dans le New York Times.
Mais Karen Armstrong va plus loin. Passant en revue plusieurs millénaires d’enchevêtrement du politique et du religieux, elle soutient que « la violence naît presque toujours de l’État avant de déborder sur la religion, et non l’inverse ». À ses yeux, -l’Inquisition espagnole au XVe siècle doit être comprise d’abord comme « une tentative de rétablir l’ordre après une guerre civile, à un moment où le pays craignait une attaque imminente de l’Empire ottoman ». Quant aux guerres de Religion des XVIe et XVIIe siècles, l’historienne y voit principalement -l’expression de rivalités dynastiques.
Au bout du compte, considère Karen Armstrong, la religion n’a ja-mais été aussi dangereuse que de-puis que les Occidentaux ont en-trepris de la circonscrire à la sphère privée. Comme le résume David Shariatmadari dans le Guardian, la sécularisation « a signifié que la doctrine, désormais autonome du reste de la société, pouvait être -récupérée pour servir toutes sortes de projets, dont certains sont pathologi-quement en conflit avec le consensus dominant. Dans ce sens, la religion commence alors à ressembler à un virus qui survit dans certaines zones isolées et connaît des flambées occasionnelles de chaos extrémiste ».
Facteur de radicalisation en Occident, le principe laïc déclencherait aussi, ailleurs dans le monde, un réflexe de défense moteur de tous les fanatismes : « Parce qu’elle a généralement accompagné la colonisation, la laïcité fut considérée comme une importation étrangère et rejetée comme profondément contraire à la nature, précise Karen Armstrong. Dans presque chaque région du monde où des gouvernements sont arrivés au pouvoir avec le projet de séparer la religion et la politique, un mouvement de réaction s’est produit pour ramener la religion dans l’espace public. »
Mais si tout est politique, de quoi parle-t-on alors lorsque l’on parle de religion ? James Fallows (qui admire le livre) l’admet : le propos d’Armstrong « frôle la tautologie ». David Aaronovitch, quant à lui, est moins clément dans le Times : le journaliste finit par entendre dans ce livre érudit « les mots improbables d’une avocate à la perruque de traviole, qui tente désespérément de bricoler la meilleure défense possible pour le cogneur tatoué assis dans le box des accusés ».

http://www.books.fr/et-si-dieu-ny-etait-pour-rien/
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